Portrait de Loïck Peyron, un homme né avec la mer

Rares sont les marins qui font partie de la légende, ceux dont les noms sont prononcés avec le plus grand respect et qui sont synonymes de grand large, d’aventures et de témérité. Ces marins osent s’aventurer sur le fil périlleux de leur destinée en défiant l’océan, dangereux et immense. Mais ils l’aiment cet océan, ils l’ont tellement dans le sang qu’ils ne peuvent s’en passer. C’est toute l’histoire de Loïck Peyron.

Né avec la mer…

Loïck Peyron est né à Nantes le 1er décembre 1959. Il passe son enfance au Pouliguen dans un appartement qui a vue sur la baie de la Baule. Dans la famille, on est passionné par la mer. Son père était officier dans la marine marchande, ayant été notamment capitaine au long-cours de superpétroliers de Shell. Son oncle, Jean-Yves Terlain est, lui, navigateur. Quand le beau temps le permet, Loïck et ses frères s’initient à tirer leurs premiers bords sur le bateau familial avec la bénédiction paternelle.

Loick_PeyronEn 1972, son oncle Jean-Yves Terlain l’emmène assister à la mise à l’eau du grand monocoque « Vendredi-13 ». Il a tout juste 12 ans, mais c’est à ce moment-là qu’il décide de devenir navigateur professionnel. Ce qui ne doit être qu’un rêve d’enfant ne s’estompe pas avec les années, l’appel du large étant le plus fort. Il apprend la voile au club nautique CNBPP du Pouliguen, depuis lequel il part ensuite rejoindre son lycée de La Baule… En voile. Il est souvent en retard, si fréquemment qu’il décide finalement d’abandonner l’école.

Puis, il échoue au Baccalauréat, au grand dam de ses parents qui ont de plus en plus de mal à accepter ses désirs d’aventures. Las, ils lui coupent les vivres. Loïck Peyron commence alors une existence de nomade, avec souvent le ciel pour seul toit.

En 1978, il a 18 ans et aide un ami à se préparer pour la Route du Rhum. Il sait que cette année sera la sienne et débutera ses premières vraies aventures en mer. Avec la fougue de la jeunesse, il réalise sa première traversée de l’Atlantique en solitaire. La légende de celui que l’on surnommera plus tard « Monsieur Multicoque » vient de commencer…

Une carrière riche de nombreux exploits

Loïck Peyron travaille dur, en quête de plus de vitesse, de toujours plus de performances. Et puis, c’est un bon communiquant. Il a du verbe et il sait convaincre. Bon sang ne saurait mentir, car il tient cela de son oncle, Jean-Yves Terlain… Alors facilement, il trouve des sponsors.

Cette traversée de l’Atlantique, il la fera 49 fois. Parmi ses 49 traversées, il remporte trois fois la « Transat anglaise », dont deux fois à la barre du trimaran « Fujicolor » en 1992 et 1996, mais aussi en 2008 avec « Gitana Eighty ». Le triplé fait sensation et pour cause, il est historique !

CatamaranLes années 1990 sont sillonnées de victoires, à bord de son fidèle « Fujicolor ». En sus de la « Transat anglaise », il est également quatre fois champion du monde « Orma » en 1996, 1997, 1999 et 2002.

Il ne concourt pas seulement en solitaire puisqu’il gagne en double la » Transat Jacques Vabre » en 1999 et 2005, la « Barcelona World Race » en 2011 et le « Trophée Jules Verne » en équipage durant l’année 2012. À la barre du maxi-trimaran de 31,5 mètres  « Banque Populaire VII », il remporte en 2014 la « Route du Rhum » rejoignant Pointe-à-Pitre à partir de Saint-Malo en un temps vertigineux : 7 jours 15 heures et 8 minutes !

Loïck Peyron est aussi à l’aise à la barre d’un monocoque que d’un multicoque. Il navigue, multipliant les expériences, partageant son amour immodéré pour la voile et la course. Évidemment, il connaît aussi des avaries et des fortunes de mer : dépression, démâtage… Le héros n’est pas à l’abri des aléas de l’océan, ami pernicieux.

Son seul regret est de ne jamais avoir pu gagner le « Vendée Globe », le tour du monde en solitaire sans escale qu’il a quand même marqué de son empreinte, déjà, en 1990 en terminant 2e.

Loïck Peyron, c’est aussi un homme dont le courage et l’altruisme sont exemplaires. En 1990 durant le « Vendée Globe », il porte secours à Philippe Poupon, naufragé dans les quarantièmes rugissants et en 2008 à Vincent Riou qui avait chaviré au large de la Nouvelle-Écosse au Canada durant la « Transat anglaise ».

Hommage de la Nation

En sus de son palmarès exceptionnel, Loïck Peyron a toujours su garder le respect de ses pairs grâce à son sens de la répartie et son flegme, même dans les circonstances les plus alarmantes en mer. Pour lui, hausser le ton est un synonyme d’échec. Alors quand l’État français lui décerne la Légion d’honneur en 2009, c’est un peu tous les capitaines courageux qui l’endossent à travers lui.

Aujourd’hui marié et père de quatre enfants, Loïck Peyron n’en a pas fini avec la mer. À l’image du maître Éric Tabarly, il ne cessera de jamais de voguer.

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