L’incroyable Vendée Globe de Sébastien Destremau
Il a bouclé son Vendée Globe en 124 jours, soit 50 jours après Armel Le Cléac’h, le vainqueur. Dans son livre « Seul au monde », Sébastien Destremau raconte ce défi hors du commun – un défi auquel rien, dans son parcours de marin, ne le préparait et se confie sur sa vie personnelle son immense besoin de liberté.
Le parcours houleux d’un homme de défis
« Seul au monde » n’est pas seulement l’histoire d’une course, c’est surtout l’histoire d’une vie.
Le récit s’ouvre sur un souvenir déterminant du navigateur : à neuf ans, pleurant de rage sous les railleries de son père alors qu’il se démène sur son canot pour remontrer l’ancre du bateau familial, il se le jure : un jour, il accomplira quelque chose d’extraordinaire qui impressionnera ses proches. Pari tenu !
Car le petit Sébastien Destremau n’a pas une enfance des plus calmes. À la maison, il souffre du traitement injuste de son père, qui le rabroue bien plus que ses frères et en vient souvent aux mains. De cette relation conflictuelle naîtra un besoin jamais comblé de liberté. « J’aurais aimé détester mon père, mais c’était plus compliqué que ça, » écrit-il. Car malgré tout, ce père dur est aussi capable d’une grande générosité : ainsi, alors que Sébastien a dix ans, il offre à la fratrie un bateau, baptisé Chanteloube. Et c’est lui qui lui donnera la passion de la voile.
Sa vie d’adulte ne sera pas moins agitée. Régatier professionnel pendant vingt-cinq ans, il finit par trouver sa liberté sur l’eau, mais sa vie personnelle est mouvementée. Deux fois divorcé, ses trois plus grands enfants ont coupé tous les ponts, et ses deux plus jeunes vivent en Australie. De cela, il parle avec sincérité dans son livre, n’occultant ni ses souffrances, ni ses insuffisances, espérant surtout que cet ouvrage recréera des liens avec les siens.
Les plus optimistes ne le voyaient pas dépasser l’équateur
« Pour avancer, j’ai besoin de me placer au pied du mur. S’il est infranchissable, c’est encore mieux. Toute ma vie, je me suis lancé des défis plus grands que moi. », confie-t-il. Alors quoi de mieux que le Vendée Globe pour ce marin qui n’avait jamais vraiment navigué seul ? En 2012, la veille du départ de l’édition précédente, submergé par l’émotion, il se décide : en 2016, lui aussi fera partie des compétiteurs.
On pense souvent à la rudesse de l’épreuve en elle-même, mais la lecture de « Seul au monde » nous apprend que le simple fait d’être présent sur la ligne de départ est déjà un exploit en soi ! Car Sébastien Destremau n’est pas issu du même monde que ses camarades. Pour participer, il lui faudra vendre sa maison, sa voiture, se lancer dans différents projets de financement participatif, et trouver des sponsors assez fous pour adhérer à son histoire. Au final, il fera la course avec 350 000 euros, contre des adversaires aux budgets pouvant atteindre les 12 millions.
Au-delà de la course, un voyage intérieur extraordinaire
Non content de se lancer dans la course la plus difficile au monde, Sébastien décide de partir sans alcool, sans cigarette, sans musique ni livre. Il sera seul, seul avec lui-même.
Dans la nuit, dans la peur des vagues, Sébastien Destremau improvise des dialogues avec les siens. « C’est quand l’obscurité tombait et que ma vie défilait que j’ai compris ce que j’étais allé chercher si loin, si seul. Là-bas. Au sud du sud. Et tout au fond de moi-même. »
Après la terrible épreuve de l’océan indien, après s’être cassé les côtes, il envoie un message à sa fille… qui, après des années de silence, lui répondra. À l’arrivée, il se réconcilie avec son grand frère. Sorti grandi de cette aventure, il est plus persuadé que jamais que rien n’est impossible, et qu’aucun rêve n’est jamais trop grand. Et il espère bien le prouver aux lecteurs de son livre.
Pour découvrir cette incroyable aventure humaine, nous vous conseillons de vous plonger dans la lecture de « Seul au monde », paru le 8 juin dernier aux éditions XO.