Un archipel pas comme les autres : les îles Columbretes

Je sais, je sais, tous les navigateurs au plus ou moins long cours, des caphorniers aux plaisanciers du dimanche sont persuadés de connaître des endroits féeriques, magiques, d’eux seuls connus ou presque.

Je n’échappe pas à la règle, aussi permettez-moi de penser que les Columbretes, réserve naturelle protégée par le gouvernement de Valenciana 35 NM au large de Castellon, est un cas surprenant.

Fait étrange, après plus de 10 visites, je n’ai jamais eu de vent favorable à l’aller. Jamais… Comme si l’Illa Grossa, île principale, essayait toujours de refouler les visiteurs, et les aider à repartir, jalouse de sa tranquillité. Les autres îlots ne sont que des rochers menaçants plantés au milieu de la mer, colonisés par quelques lézards autochtones, anciens refuges de contrebandiers et pirates berbérisques (nous en parlerons un jour, c’est promis…).

Les columbretesPas de port à proprement parler, mais une anse ouverte au levant pompeusement dénommée Puerto Tofiño, véritable piège à rat lorsque souffle le vent d’Est, dominant, où vous pourrez vous amarrer à des bouées. Demandez l’autorisation par le canal 16, vous serez surveillé durant votre séjour depuis les hauteurs du phare par des gardes-côtes aimables et prêts à vous conseiller, mais intransigeants sur le respect du milieu : pas de pêche, baignade autorisée et plongée seulement en apnée sauf autorisation spéciale, pas de détritus, etc..

Profitez de l’occasion pour demander à visiter l’île. En été, les biologistes donnent rendez-vous par radio aux touristes pour des visites guidées très intéressantes (et gratuites!). Le petit cimetière est très émouvant.

Jusque-là, rien de très romantique, mais ce qui surprend et définit les îles Columbretes, c’est l´immense sensation de solitude, si près du littoral. Pas de bar, pas de restau, le volcan, le ciel et la mer.

Et pourtant, la nuit, surtout au printemps, est un énorme fouillis désorganisé d’oiseaux migrateurs braillards (cherchez le rarissime faucon d’Éleanore), de dauphins scandaleux, de lueurs étranges autour du bateau, d’un ciel rare et profond. Mais l’homme n’est que toléré dans ce paysage, et de temps à autre, la Méditerranée nous rappelle que nous ne sommes là que parce qu’elle le veut bien. Voyez les images décoiffantes de tempêtes sur la vidéo, et peut-être comprendrez-vous ce que pouvaient ressentir les gardiens de phares qui, jusqu’il y a peu, passaient des semaines à scruter l’horizon.

Les Columbretes sont une avancée de la haute mer sur la terre et non pas l’inverse.

À visiter avec humilité et respect, mais à ne pas rater.

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